"L'oeuvre de Ramhal inaugure l'ère messianique qui libère les hommes du dualisme et les conduit vers l'Unité ultime." Or haganouz

L'oeuvre entière de ce grand maître, dont on découvre aujourd'hui l'importance et l'actualité, se révèle essentielle, je dirais fondamentale pour notre génération.

 

La pensée de Ramhal propose un discours proprement rationnel sur Dieu. Il ne s'agit pas de saisir l'Essence ou la nature de Dieu, mais plutôt la Volonté. Volonté qui s'exprime à travers l'ouvre créatrice, mais surtout à travers l'histoire. L'histoire n'est que le fruit de la Hanhaga - la Direction divine du monde.

 

Pour le Ramhal, la connaissance de l'histoire, ou plutôt du sens de l'histoire, n'est ni plus ni moins, la connaissance du Chariot . Les Partsoufim ou les visages de Dieu n'expriment pas seulement (comme chez le Arizal) les principes de la création mais aussi les modes de la direction divine de l'histoire. Cette définition des visages de Dieu permet à l'homme de saisir le sens de l'histoire et son aboutissement : le Guilouy Yihoudo ou la Révélation de l'Unité.

Au-delà des dichotomies et de la confrontation entre le sacré et le profane, l'âme et le corps, Israël et les nations, le particulier et l'universel, le mystique et le rationnel, l'intériorité et l'extériorité, le Ramhal nous invite à emprunter la voie de l'Unité où tout fusionne.

 

Le dualisme, qui admet deux principes premiers irréductibles, trouve son origine dans la faute d'Adam. Dans son livre Daat Tévounot , Le Ramhal enseigne que "l'arbre de la connaissance" désigne la voie de l'esprit humain : incapable de saisir l'Unité, il cherche la dualité entre le bien et le mal, comprenant dès lors une chose par son contraire, la lumière par les ténèbres, la vie par la mort etc. - c'est la connaissance empirique. Adam a engagé l'humanité dans l'expérimental. Depuis la révélation sinaïtique, Moise notre maitre, conduira le peuple juif à la foi de l'Unité ; cependant la faute du veau d'or le ramène au dualisme, au raisonnement 'a priori' et 'a posteriori', "cause et effet". Le Talmud fera quant à lui cette réparation de l'esprit en utilisant la casuistique et la logique dans le domaine du sacré.

 

Cependant le Zohar d'abord, puis le Arizal révéleront la voie droite - Orah Méchar , c'est-à-dire la voie de Ets Hayim - l'arbre de vie, ou la voie de l'Unité. Certes, le langage cabalistique reste hermétique pour qui ne possède pas les clefs de la symbolique. Le Ramhal donne au lecteur les clés de l'allégorie. Dans l'ouvre Ramhalienne, il trouvera un discours métaphysique accessible à l'entendement. Désormais avec le Ramhal, le caché devient révélé, la Voie de Dieu n'est plus scellée, on la découvre sans difficulté, sans métaphores ni allégorie. La réalité cachée est devenue signifiante.

 

Dans le 69 ième Tikoun (Les soixante-dix Arrangements) il est précisé que grâce à la nouvelle révélation du Second Zohar du Ramhal, la réalité ( Malkhout - origine de toute existence) a atteint son apothéose - l' idéalité ou le Keter . Le mal ontologique est absorbé complètement par la révélation de la connaissance suprême de l'Unité. La connaissance de la voie de l'Unité a émergé de cet esprit exceptionnel.

En somme Ramhal nous explique que 'D.ieu' n'exprime pas seulement le Créateur qui prodigue l'existence de tout, mais aussi 'La Volonté' ; 'La Volonté' unique dans toute l'histoire! Il est le Maitre souverain de toutes les créatures et de tous leurs actes, même s'Il leur a octroyé une liberté restreinte. Cette liberté s'affirme apparemment par l'autonomie de la pensée, mais en vérité toute pensée est fondée sur la volonté divine, car toutes les pensées s'inscrivent a priori dans le projet divin. La véritable liberté n'appartient qu'à Dieu, Il est le seul Etre nécessaire et donc autonome. Quant à l'homme, sa liberté consiste à connaître D.ieu et à accomplir Ses commandements, toute autre liberté n'est qu'illusion et tromperie des sens.

 

Le gouvernement de l'Unité ( chilton hayihoud ) n'occulte ni l'homme ni sa liberté, elle lui donne sa place dans la réparation universelle ( tikoun hakelali ) ; car tous les existants accomplissent, tôt ou tard, leur rôle dans la révélation de l'Unité.

 

Institut Ramhal

Rav Mordékhaï Chriqui